Bernard Lévy, Vie des arts

Publié le 3 octobre 2013

Les dessins, les gravures, les peintures de Louis-Pierre Bougie vous emmènent là où ne peuvent aller ni la science, ni la philosophie. Au-delà de la poésie du verbe, ses œuvres vous donnent accès à une connaissance que seul l’art permet d’atteindre. Elles proposent des vérités qui se rapportent à la condition humaine telle que l’appréhende l’artiste entre le sentiment d’être et de n’être pas, entre l’exaltation de vivre et la sensation tragique d’exister.

Il faut d’abord apprendre à apprivoiser les lieux et les personnages qui occupent les espaces qu’ouvre, qu’entrouvre, que circonscrit, que suggère Louis-Pierre Bougie. Ils vous semblent insolites, mal définis, étranges, n’appartenir à aucun endroit reconnaissable. D’ailleurs, l’artiste ne vous invite même pas à y entrer. C’est à vous de choisir. Vous pouvez laisser glisser votre regard et esquiver le choc. Ou bien vous pouvez vous risquer à laisser vos yeux scruter des murs où l’artiste a aménagé des auréoles et des niches, superposé des plans et des plâtrages, mais aussi dégagé de vastes ouvertures. Tantôt il emprisonne et éclaire ses acteurs, tantôt il les affranchit d’obscures entraves ; vous les observerez dans des poses toujours dramatiques. Car les silhouettes sont saisies en pleine action. Elles monologuent ou dialoguent ; elles prient ou protestent ; elles déclament une tirade ou admirent le reflet de leur image que renvoie, comme un écho à leur voix, la paroi qui joue le rôle d’un miroir. Mais dans un immuable silence (L’écho, 2009).

Le théâtre de Louis-Pierre Bougie est muet. Le spectacle qu’il offre est celui de pantomimes. Louis-Pierre Bougie dessine, grave, peint et fait surgir de son crayon, de son burin ou de son pinceau des moments d’une histoire dont il vous revient d’imaginer le commencement et la suite. Car ses œuvres n’ont pas de fin ; problématique, la fin est laissée à votre discrétion.

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