Parcours de l'artiste
Les dessins, les gravures, les peintures de Louis-Pierre Bougie vous emmènent là où ne peuvent aller ni la science, ni la philosophie. Au-delà de la poésie du verbe, ses œuvres vous donnent accès à une connaissance que seul l’art permet d’atteindre.
-Bernard Lévy
Parcours
Louis-Pierre Bougie
Né à Trois-Rivières en 1946, Louis-Pierre Bougie dessine depuis l’enfance. Il s’initie aux techniques de l’estampe à l’École des Beaux-arts de Montréal (1967) auprès de la professeure Angèle Beaudry, une aquafortiste accomplie. Bougie poursuivit sa formation dans différents ateliers : l’Atelier libre de recherche graphique de Montréal, la Guilde Graphique, l’atelier Arachel, chez Luc Nadeau et à l’atelier Graff. En 1978, le Musée du Québec (MNBAQ) lui consacre une première exposition solo d’envergure, Bougie n’a que 32 ans. Les dessins et toiles exposés sont alors qualifiés de surréalistes et d’oniriques. L’année suivante, il obtient une première bourse du ministère des Affaires culturelles du Québec (ancien CALQ) qui lui permet de réaliser un séjour d’étude d’un an en Europe.
En 1979-1980, il s’arrête à Paris et à Cracovie, deux escales particulièrement révélatrices. À Paris, il fréquente l’Atelier Lacourière & Frélault, atelier d’impression en lithographie et en taille-douce qui a vu passer un grand nombre d’artistes (Braque, Chagall, Miró, Matisse, Picasso), ainsi que l’atelier Champfleury. À Cracovie, il visite l’Atelier Libre Lotozowska 3. La vie polonaise est très difficile, observe Bougie, mais les contacts humains sont faciles et fantastiques. C’est au cours de ce voyage qu’il réalise les planches qui composeront son premier livre d’artiste Le prince sans rire qui a bien failli s’intituler Du rideau de douche au rideau de fer, preuve de son humour singulier et grinçant.
© Bernard Beauvais
Lors d’un second séjour à Paris, Louis-Pierre Bougie fait la rencontre de François-Xavier Marange maître-imprimeur qui œuvre chez Lacourière & Frélault. Ainsi débute une longue amitié. En 1982, Marange s’installe au Québec. À la même période, Kittie Bruneau, Irénée Belley, Louis-Pierre Bougie, Catherine Farish, Liliane Fortier, Tin-Yum Lau, Jean Léger et Pierre-Léon Tétreault fondent l’Atelier Circulaire, à Montréal où François-Xavier Marange a dessiné et supervisé la construction des grandes presses.
En 1983, les poètes Gaston Miron et Michaël La Chance ont envoyé un télégramme à Louis-Pierre Bougie : «Nous saluons Louis-Pierre Bougie qui est de ceux qui, en devançant le lendemain augmente ses possibilités et dévie le temps de son encerclement mortel.» La réputation de buriniste et d’aquafortiste de renommée internationale de Bougie ne fait plus de doute. Sa contribution à la valorisation de la gravure québécoise est également significative par les invitations qu’il lance à des artistes étrangers (notamment François-Xavier Marange, Martin Müller-Reinhart) et des échanges Québec-France, Québec-Taiwan, etc.
1991 semble particulièrement sourire à Louis-Pierre Bougie avec trois expositions simultanées à Montréal, dont l’imposante exposition Morsures présentée par la Promotion des arts Lavalin (sous la direction de Léo Rosshandler) à la Maison de la Culture Côte-des-Neiges. Rassemblant une cinquantaine de gravures et monotypes -dont des collages géants de bleus et de turquoises à s’y perdre- réalisés au terme d’un cycle déterminant (1986-1990).
Bougie obtient le studio du Québec à New York en 1996 où il réside durant six mois. De ce séjour fort prolifique émergent des œuvres très grand format (Suite new-yorkaise, 1996), qui constituent son Journal d’exil. De son premier voyage à Cracovie, en 1979, Louis-Pierre Bougie n’a cessé de multiplier les allers-retours entre son port d’attache montréalais et l’étranger: Paris surtout, mais aussi le Portugal (1982), New York (1996), Helsinki (2003) et Buenos Aires (2006). Ses nombreux séjours à l’étranger ont par ailleurs permis à Bougie de perfectionner ses techniques de la gravure (l’eau-forte et la taille-douce) auprès d’imprimeurs chevronnés, mais également à échanger avec des artistes et des poètes qui sont devenus des amis.
En 2013, le 1700 La Poste inaugure son nouvel espace avec une première exposition rétrospective du peintre. Parallèlement, le Centre d’archives de Montréal (BAnQ) abritait l’exposition Louis-Pierre Bougie – 30 ans de livres d’artiste. L’année suivante, Louis-Pierre Bougie et ses compagnons d’atelier François-Xavier Marange et Denis St-Pierre font l’objet d’un documentaire de Bruno Baillargeon intitulé L’Oeuvre des jours. Louis-Pierre Bougie est décédé le 10 janvier 2021 à Montréal. Son œuvre intime, mystérieuse et envoutante lègue une signature unique et porteuse d’une vibrante humanité à la hauteur de la sienne qu’il a su partager tout au long de sa vie.